Profitez-en, après celui là c'est fini

Premier ordinateur

avril 29th, 2008 Posted in Vintage

Science et vieEn fouillant les vieux Science & Vie, chez mes parents, je tombe sur cette page émouvante, dans le 782e numéro du célèbre magazine de vulgarisation scientifique : la publicité pour le Sinclair ZX81, en novembre 1982. C’est moi qui ai découpé l’encart. Le prix de cet ordinateur baissait tous les mois : 1100 francs, 900 francs… Quand il est tombé à 670 francs, j’ai tanné mes parents, il me le fallait, on n’était pas loin de mon anniversaire et de noël. Mon père, qui ne connaissait que les ordinateurs de l’industrie, croyait à une arnaque : un ordinateur, à 670 francs ? Impossible. J’avais vu un seul « micro » jusqu’ici, un Apple II, dans le bureau du père de mon copain Fabrice, issu d’une famille « très aisée » – dans sa gigantesque salle de jeux, outre une maquette du Millenium Falcon, il avait un vrai flipper. En dehors du ZX81, les micro-ordinateurs familiaux de l’époque (TI99, Commodore Vic20,…) valaient 2500 ou 3000 francs, et jusqu’à 5000 francs pour le célèbre Tandy TRS80.
Six-cent-soixante-dix francs n’était pourtant pas une si petite somme, car à l’époque le salaire minimum était à 3500 francs. Donc je suppose que ces 670 francs correspondent à 300 euros d’aujourd’hui, le prix du eeepc que j’utilise pour rédiger ces lignes, un peu moins cher que le prix d’une console de jeux dernier-cri.
Il n’y avait pas grand chose dans le ZX81, aucune pièce mécanique notamment. Il disposait d’un processeur cadencé à 3 Mhz et d’un kilo-octet de mémoire vive (extensible à 16, le millionième de ce que contient la moindre clef USB d’aujourd’hui), le système et l’interprèteur basic tenaient sur une « mémoire morte » de 8ko.
Tyranosaurus Rex sur ZX81 (Wikimedia commons)On utilisait son propre téléviseur comme moniteur (avec le câble antenne et en cherchant le bon canal, car il n’y avait pas encore de prise péritel) et son propre magnéto-cassettes comme système de sauvegarde. Les touches du clavier « ultra-plat » étaient en fait dessinées sur le boitier en plastique, il n’y avait pas de son, on pouvait écrire vingt-deux lignes de trente-deux caractères de texte ou dessiner soixante-quatre fois quarante-huit « points » en noir ou blanc. Des spécifications nettement inférieures à celles des calculettes scientifiques premier prix ou même aux porte-clefs tamagochis.
Si on voulait jouer, il fallait programmer soi-même son jeu en langage Basic, ou recopier un programme trouvé dans une revue telle que Le Haut-Parleur, Électronique pratique, ou encore L’Ordinateur individuel.
Petit à petit, on a pu se procurer sur cassettes pré-enregistrées des jeux comme l’effrayant « Tyranosaurus rex », qui se déroulait dans un labyrinthe en 3D.

Sinclair ZX 81

La pub promet aux parents que cette machine était susceptible de transformer l’avenir de leurs enfants. Je ne peux pas dire en quoi ma vie aurait été autre si je n’avais pas passé des heures et des semaines à essayer de mettre au point mon « Space Invaders » ou mon logiciel de « Donjons et dragons » – écrit sous une tente de camping en Bretagne, sans ordinateur, sous l’inspiration d’un jeu du même genre qui passait sur France Inter, animé par Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manœuvre. Mais je suppose effectivement que les choses auraient pris un tour différent.

  1. 14 Responses to “Premier ordinateur”

  2. By Wood on Avr 29, 2008

    Héhé, c’est aussi le premier ordinateur que j’aie touché. C’est mon père qui l’avait acheté, instituteur Freinet qui s’intéressait à l’informatique et bien avant l’éducation nationale…

    Dans le roman de William Gibson « Pattern Recognition » (identification des schémas en VF), il y a un personnage qui pense que c’est le ZX81 qui a éveillé la vocation de millions de programmeurs en europe (mais pas aux USA, où il était vendu sans l’unité d’expansion de RAM, sous le nom de « timex 1000 »)

  3. By Jean-no on Avr 29, 2008

    En grande-bretagne, je crois qu’il y a eu jusqu’à cinq magazines consacrés au ZX81 qui sortaient tous les mois. En France il n’y en a eu aucun car les NMPP défavorisent les magazines qui ne sont consacrés qu’à un seul et unique produit.

  4. By David vdm on Mai 5, 2008

    C’est amusant, lorsque j’étais enfant et que j’ai raconté à mon père qu’un copain avait ramené à l’école une calculatrice à énergie solaire des E.U. qui marchait sans piles, j’ai failli m’en prendre une… Ah ! c’est que ce n’était pas facile de raconter les avancées technologiques à nos vieux, en ce temps-là !

  5. By COCHEN on Mar 29, 2009

    Je possède aussi un ZX81 qu’il m’a fallu attendre un an avant de recevoir.
    Il était branché sur le téléviseur et ses touches caoutchouc me font bien rire maintenant.
    Il est soigneusement rangé dans une malette en bon état de marche.
    Mes petits-enfants sont étonnés lorsqu’ils voient cette « machine » réaliser autant de choses.
    Je le garde précieusement mais j’aimerais savoir combien il se négocie.
    Si quelqu’un le sait, merci pour le renseignement.

  6. By Jean-no on Mar 29, 2009

    @Cochen : je dirais pas que le ZX81 savait faire grand chose et ses touches n’étaient pas en caoutchouc, ne confondez-vous pas avec le Spectrum ? Un ZX81 ne vaut pas très cher à ma connaissance, on m’en a proposé à deux ou trois euros en brocante. En état de fonctionnement ça doit être mieux… Voyez e-bay pour vous faire une idée.

  7. By Julien on Fév 29, 2012

    Mon premier ordi était un ZX-80, mis à jour en 81 je crois (avec une second dessin de clavier par dessus le premier)

    Mon père l’avait acheté quelques années (?) avant, pas utilisé et rangé, et me l’a donné au alentour de mes 9 ans je pense.

    Je n’avais aucune cassette, juste le manuel et le (classique mais je ne l’ai appris qu’en 2011) « Jeux d’ordinateurs en BASIC » de David H. Ahl.

    Le fait de n’avoir qu’une ligne de commande en BASIC est bien sur ce qui m’a rendu accro :-) bien obligé de recopier, puis modifier, puis créer ses propres programmes.

    Je le laissais allumé des jours, car je n’ai jamais su à l’époque sauver sur cassette. Cela me paraissait insurmontablement compliqué bizarrement (et je n’ai jamais rien demandé à un adulte, tout aussi bizarrement…)

    Donc le seul moyen de conserver et de continuer mes programmes, c’était de ne pas l’éteindre.

    Il est dans un placard, et marche normalement toujours. Avec sa mini télévision noir et blanc qui doit faire 10 cm de diagonale.

  8. By François B. on Mar 1, 2012

    Effectivement, c’est aussi le 1er ordinateur que j’ai touché… Que de souvenir et d’heures passées sur cette machine… Merci aussi au Micro Club de Pertuis (84) et à ses passionnés qui nous donnaient des cours de Basic et d’assembleur. Je leur doit ma passion et mon boulot… C’était en 1981, 1982…

  9. By Jean-no on Mar 1, 2012

    @François B. : l’assembleur c’était ma zone d’ombre, j’avais beau lire et relire le manuel (j’étais tout seul), c’était du chinois pour moi – alors que ce n’était que de l’hexadécimal. Je regrette à présent parce qu’au fond ça m’était sûrement accessible.
    @Julien : Le ZX80 était blanc, mais je n’en ai jamais vu, je ne savais pas qu’on pouvait le transformer en ZX81 (mais chez Sinclair il y a eu une tradition du « kit »). Je me suis assez vite mis aux cassettes, c’était facile en fait, mais très très long :-)

  10. By David on Jan 14, 2013

    Exercice de style : écrire le même genre de billet de blog, tel qu’il pourrait être écrit dans 30 ans par un môme d’aujourd’hui à propos de son premier ipad…

  11. By Vlad on Sep 17, 2014

    Ben malheureusement, l’ipad et les autres gadgets aujour’hui ne sont pas directement programmable.
    Alors il y a quand meme des enfents curieux qui vont aller comprendre l’objectif c, ou le technologies derrieres. Mais c’est clairement pas le meme style d’introduction qu’un bon vieil ordi qui ‘boot’ sur le basic.

    Moi aussi mon premier ordi c’etait un zx81:) et maitenant grace a lui je suis inge en info. Il m’a vraiment appris pleins de trucs, plus que ca … M’a forme mon esprit

  12. By elifsu on Jan 24, 2015

    (disclaimer : je mets ce commentaire sans avoir lu ton article). Tu te souviens que je t’avais parlé (quand on s’est connus en 2009 ?) d’un site qui demandait des témoignages sur nos premiers ordis ? Je suis sûre que j’y ai contribué (et pas gardé de copie, et je ne retrouve pas la page), mais moins que je t’en ai parlé. J’y parlais de mon 1er ordi, un Oric…en fait l’ordi c’était le clavier, j’avais beaucoup de mal à comprendre. Bref, je vais pas re-raconter mon histoire d’Oric, de Basic et de pannes de courants stambouliotes, je me demandais juste si cette affaire de site de témoignage te disait quelque chose, et s’il y avait des chances que tu en aies gardé une trace…

  13. By Joël on Mar 5, 2015

    J’ai acheté un ZX81 en… 1983 ou 84.
    30 ans plus tard je suis rattrapé par la nostalgie.
    Je viens d’en acheter un d’occasion le mien ayant disparu dans un déménagement.
    Je me suis remis à programmer ce Basic minimaliste mais j’utilise un émulateur plus pratique pour les sauvegardes notamment.

  14. By Geneva on Août 6, 2018

    Ahh le ZX81. Acheté en 1982 par le biais de Science et Vie. Que de souvenirs. Emballé dans une boite en polystyrène. Mon père, ingénieur en info à cette époque m’avait transmit le virus. Je ne programmais pas grand chose mais j’étais fier :-). Et ensuite il y a eu le Spectrum etc …

  15. By Freid on Sep 17, 2021

    Cette année je me suis enfin offert un ZX Spectrum. Quand j’étais môme je rêvais tout debout de cette machine. Ce Spectrum fonctionne hormis la nappe qui relie le clavier à la carte mère. J’éprouve une fascination de plus plus en plus vive pour les ordinausaures. Je les trouve généralement beaux et passionnants. Les cartes mères des machines anglaises sont magnifiques. Les ordinateurs de cette époque sont comme des portails vers un monde onirique mais accessible. C’est totalement merveilleux de constater les joies et progrès que peuvent véhiculer ces machines constituées de cases binaires et d’un microprocesseur. Je me suis offert aussi cette année un Amstrad CPC 464, un autre bel ordi anglais que j’ai vraiment eu adolescent mais que j’avais stupidement échangé. Comme toi à l’époque j’ai abandonné face à l’assembleur, et je regrette aussi d’autant que je m’y suis remis (très récemment) et qu’en fait j’adore cette simplicité et cet accès primitif aux entrailles de la machine. Il se dégage une poésie organique de ce langage presque machine. Après comme toi j’ai eu un ATARI ST. De nos jours on retrouve un peu toutes ces sensations avec les machines de type raspberry (plus confortable souvent d’émuler les vieilles bécanes là dessus d’ailleurs) ou en joujoutant avec Arduino que tu pratiques ai-je lu. On croise tout le temps des gens qui clament que l’on vit une époque désespérante, c’est partiellement vrai, mais je me réjouis chaque jour d’avoir connu frontalement cette révolution : La déferlante des ordis dans nos vies fait souvent ma joie. En rangeant ma cave cet été J’ai pu me rendre compte que j’ai connu une quantité de générations d’ordinateurs (j’en ai gardé une bonne partie souvent des PC, des machines un peu moins charismatiques.) et j’avais oublié la plupart des échelons qui nous ont amené aux machines actuelles car je suis attaché à toutes ces vieilles bécanes 8 ou 16 bits qui me faisait palpiter l’imaginaire dans les magazines. Je pourrais en parler pendant des heures mais ça finirait par être chiant et puis je dois faire la vaisselle. RIP Lord Clive SINCLAIR.

Postez un commentaire


Veuillez noter que l'auteur de ce blog s'autorise à modifier vos commentaires afin d'améliorer leur mise en forme (liens, orthographe) si cela est nécessaire.
En ajoutant un commentaire à cette page, vous acceptez implicitement que celui-ci soit diffusé non seulement ici-même mais aussi sous une autre forme, électronique ou imprimée par exemple.